L’étranger
Un jour tu frapperas à ma porte et ton ombre sera ma lumière
Serai-je être alors digne lorsque ce jour viendra
Serai-je alors digne de toi
Saurai-je tendre le cœur et sans frémir accepter ton miroir
Saisir entre tes cils le sel de ma mémoire
Et d’un simple regard reconnaître mon frère
Nous aurions dû recevoir à parts égales notre ration de soleil
J’ai reçu plus que toi
Et le si peu que j’ai déjà je te le dois
Le jour où tu viendras tu m’offriras le parfum de ta terre
Je serai l’exilé
L’assoiffé
L’éphémère
Homme parmi les hommes
Nu et déraciné
Plus tranchant que le glaive
Plus tendre que l’aubier
Plus malléable encore que l’argile sous les doigts du potier
Et je me hisserai mon frère
Et je me hisserai vers toi
Comme l’olivier aux portes du désert
Comme la colombe sur les vestiges d’un monde ancien
Je sentirai battre en mon âme l’écho de tous les préludes
Lorsque demain tu frapperas à ma porte et que l’étoile t'aura précédé
Serai-je alors digne de toi mon frère
Serai-je alors digne de toi devant l'éternité
Sylvie Méheut – France