Tout palpite devant mes yeux
Tout palpite devant mes yeux,
des mots étoilés,
des oiseaux érotiques,
des baisers dans le vent,
qu'une lèvre complice a fait pousser dans mon corps
J'embrasserai l'arbre par ses
racines pour entendre couler sa sève et
étreindre la ferveur de ses branches
Sa cime élèvera ma langue à la flamboyance
de ses seins, où mon île danse son désir,
le ciel exauce son vertige
De son visage, je regarderai la terre avec ses
mains arachnéennes,
la nature tellurique de sa demeure
Nous habiterons la même lune,
prierons le Dieu du tonnerre
Rivière égrénant son office parmi
les pierres lascives et l'impatience des sources
Lui parlerai de ces nuits quand les
vagues brûlaient mon ventre, grondaient
derrière la voûte odorante du
frangipanier,
cousaient en silence des papillons
noirs sur l'étoffe entrevue de sa physionomie
Elle sera le verbe divin des
mornes, la formulation minérale des rêves
endémiques,
Raz-de-marée sous l'insoumis mouvement
de nos éboulis, la grâce des
lucioles sur la crête d'une lumière souterraine
Tout s'embrasera dans
l'entrejambe d'un amour accompli,
les oiseaux seront des boules de
feu, ses baisers, des fleurs miraculeuses,
De nos lèvres, nous cueillerons
ces pluies tant attendues, pour que le temps
soit l'unique beauté que les
amants partagent entre deux cris
Thierry Mathiasin - Guadeloupe